Editorial Magazine #38

Mesurer les délais d’attente : une nécessité

Francis de Drée
Mat Napo on Unsplash.com

Mesurer les délais d’attente : une nécessité

Francis de Drée
Président de Hospitals.be
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Le système de santé britannique est régulièrement pointé du doigt pour sa faible accessibilité. Les délais d’attente imposés aux patients pour accéder aux traitements y sont longs, voire très longs. Le NHS, le système de santé publique au RoyaumeUni, mesure régulièrement ces délais d’attente et les dernières données sont préoccupantes.

On estime que plus de 7 millions de citoyens sont en attente de soins programmés et 40% patientent depuis plus de 4 mois. Ces délais d’attente, en hausse de l’autre côté de la Manche, doivent être lus en parallèle avec une diminution significative du nombre de patients traités par le NHS: -10% des admissions par les urgences, -8% des admissions programmées et -4% des soins ambulatoires.

7.5Mpatients
up to 18 weeks 4.291.20059.6 % up to 18 weeks4.291.20059.6 % up to 18 weeks4.291.20059.6 % up to 18 weeks4.291.20059.6 %
up to 18 weeks account-multiple-outline 4.291.200 > 18 weeks account-multiple-outline 2.908.800 > 52 weeks account-multiple-outline 379.245 > 78 weeks account-multiple-outline 45.631 > 104 weeks account-multiple-outline 1.423 All account-multiple-outline 7.625.998

La situation en Belgique

Chez nous, le constat est plus difficile à poser, faute de données collectées de façon régulière et structurée. Notre pays a longtemps été considéré comme un modèle en termes d’accessibilité avec des délais d’attente réduits. Au point même d’accueillir dans le passé des patients britanniques ! Ce constat semble malheureusement devoir être nuancé.

Medical helicopter in flight with blue sky

Des signaux inquiétants rapportent des délais d’attente en hausse, avec des pics pour certains secteurs identifiés. Des examens d’imagerie, comme les résonances magnétiques, sont retardés, notamment en raison de la pénurie de technologues et de la limitation des équipements lourds.

Des délais en hausse

Des signaux inquiétants rapportent des délais d’attente en hausse, avec des pics pour certains secteurs identifiés. Des examens d’imagerie, comme les résonances magnétiques, sont retardés, notamment en raison de la pénurie de technologues et de la limitation des équipements lourds. L’accès à une consultation ophtalmologique ou dermatologique est depuis longtemps synonyme de délais d’attente importants dans de nombreux hôpitaux du pays. De nouvelles spécialités rejoignent ces secteurs en difficulté, comme l’orthodontie dernièrement.

Les réponses pour réduire les délais d’attente sont multiples et s’apparentent souvent à des matriochkas. Augmenter le nombre de professionnels de santé présuppose que nous résolvions la question de l’attractivité au sens large de ces métiers, que nous posions un choix lucide autour des restrictions encore en place pour l’accès aux études, que la répartition des rôles entre l’hospitalier et l’extrahospitalier soit rediscutée, en en précisant clairement les modalités…

Des indicateurs clairs

« Mesurer, c’est savoir » dit l’adage, malheureusement largement absent du débat sur la question des délais d’attente en Belgique. Dans le dernier rapport de l’OCDE sur le sujet, paru en mai 2020, point de trace de la Belgique, alors que la plupart des pays limitrophes sont mesurés (France, Pays-Bas, Allemagne, Grande-Bretagne et Suisse).

Le plaidoyer est évident : il nous faut le plus rapidement possible des indicateurs clairs, adéquatement segmentés (par spécialité, par bassin de soins), régulièrement mis à jour, afin de pouvoir s’attaquer aux causes racines le plus efficacement possible et mesurer les progrès. Pour que nous puissions continuer à bénéficier d’un système de soins de santé avec la plus haute accessibilité.

Le KCE mentionne bien dans les études en cours la proposition d’un système de monitoring des temps d’attente pour la Belgique, avec un focus sur l’hospitalier, mais sans diffusion de résultats à ce stade.

Dans notre baromètre hospitalier, réalisé en 2021, la dimension évaluée comme la moins satisfaisante laisse pourtant peu de place au doute: « Les délais d’obtention d’un rendez-vous sont courts». Seuls 33% des 2.000 personnes interrogées étaient d’accord avec cette affirmation

Le plaidoyer est évident : il nous faut le plus rapidement possible des indicateurs clairs, adéquatement segmentés (par spécialité, par bassin de soins), régulièrement mis à jour, afin de pouvoir s’attaquer aux causes racines le plus efficacement possible et mesurer les progrès. Pour que nous puissions continuer à bénéficier d’un système de soins de santé avec la plus haute accessibilité.

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