Vous représentez un secteur qui est régulièrement accusé de manquer de transparence. Récemment, la presse a publié des articles critiques sur les interactions entre les entreprises pharmaceutiques et les prestataires de soins de santé. Quelle est votre réaction à ce sujet ?
La coopération entre les médecins, les infirmières, les hôpitaux, ... - tous ceux qui
s’occupent des patients et les entreprises
pharmaceutiques - est une situation gagnant-gagnant pour toutes les parties
concernées. En tant que premier point de
contact avec le patient, les prestataires
de soins de santé disposent d’une expertise inestimable. C’est essentiel pour que
l’industrie biopharmaceutique puisse développer des traitements efficaces pour
les patients. Les entreprises pharmaceutiques, quant à elles, ont la responsabilité d’informer les prestataires de soins
de santé des nouveaux développements
afin que chaque patient puisse recevoir le
meilleur traitement possible.
Il est important que des informations
objectives et scientifiques puissent être
partagées entre les acteurs du système
de santé, notamment des informations
sur l’efficacité, les indications, les effets
attendus et les effets secondaires éventuels. Cela permet de garantir le bon
usage des médicaments. Toutes les interactions rémunérées entre les entreprises
et les médecins, les hôpitaux, les associations de patients, etc. sont publiées sur
le site betransparant.be, une plateforme
commune de transparence accessible au
public, afin d’accroître encore la transparence dans les relations avec les professionnels et les organisations de soins
de santé. pharma.be a été à l’avant-garde
de ces initiatives de transparence et travaille également activement depuis des
années à assurer le respect correct de la
réglementation en fournissant des informations et des formations. Mais il faut
aussi être réaliste : ce système est encore
assez jeune. Des améliorations sont possibles et, en tant qu’organisation faîtière,
nous prenons cela à cœur et travaillons
avec toutes les parties concernées pour
apporter des améliorations concrètes si
nécessaire.
COMMENT LE SECTEUR BIOPHARMACEUTIQUE RÉAGIT-IL AUX PROJETS ANNONCÉS DE RÉFORME HOSPITALIÈRE ?
Pharma.be est très intéressé par la réforme hospitalière annoncée. Et le premier bilan est prudemment positif. La réforme offre plusieurs opportunités, comme la concentration des soins dans des centres spécialisés et la facilitation des études cliniques. La préoccupation majeure est de sauvegarder l’accès à l’innovation. pharma.be est donc en discussion avec le gouvernement sur la réforme du financement des médicaments à l’hôpital, en mettant l’accent sur la sauvegarde de l’accès aux nouveaux médicaments, la préservation de la qualité des soins et le bon usage des médicaments.
Dans quelle mesure les patients en belgique ont-ils facilement accès aux médicaments innovants ?
L’accès rapide des patients aux traitements les meilleurs et les plus récents
est notre principale préoccupation. Une
comparaison européenne effectuée par
notre fédération européenne EFPIA (indicateur W.A.I.T. 2021) montre qu’en Belgique, seule la moitié des médicaments
autorisés sont remboursés dans un délai de 4 ans. Cela nous place à la 12ème
place en Europe. Les patients belges ont
donc nettement moins accès aux médicaments innovants que les patients des
pays européens comparables.
De plus, ils doivent attendre très longtemps pour obtenir ce remboursement.
En Belgique, il s’écoule en moyenne 534
jours entre l’obtention de l’autorisation
de mise sur le marché et le remboursement. Avec cette longue procédure,
la Belgique arrive à la 23e place ; dans
presque tous les pays d’Europe occidentale, cette procédure est plus rapide. Il
est grand temps pour le gouvernement
d’adapter les procédures de remboursement.
Nous devons travailler à la modernisation et à l’accélération des procédures de remboursement des médicaments dans notre pays. D’autant plus qu’il y a beaucoup d’innovations, comme les thérapies cellulaires et génétiques, qui sont difficiles à intégrer dans le système actuel. Faisons preuve d’ambition et visons une position de leader en Europe en matière d’accès aux médicaments innovants. Ainsi, les patients belges auront un accès large et rapide aux médicaments innovants. Nous espérons progresser dans les discussions avec le gouvernement et être en mesure de conclure un pacte entre l’industrie pharmaceutique et le gouvernement. Tout comme la réforme hospitalière, elle est prévue dans l’accord du gouvernement.