La méthode que les chercheurs Dan Lupu et Ramona Tiganasu est la méthode d'Analyse d'Enveloppement des Données (Data Envelopment Analysis - DEA), afin de calculer les scores d'efficacité de chacun des systèmes de santé étudiés. Ils ont étudié la période d'analyse en la divisant en trois parties : première vagye (du 1er janvier jusqu'au 15 juin), la période intermédiaire (à partir du 15 juin jusqu'au 1er octobre), et enfin la deuxième vague (du 1er octobre jusqu'au 31 décembre). Pour déterminer les scores, ils ont utilisé 15 indicateurs liés aux soins de santé, à l'état de santé, aux données démographiques et économiques, à des indicateurs culturels, sociaux, ainsi qu'aux mesures gouvernementales.
Est versus Ouest
L'efficacité du système de santé peut être mesurée en comparant les ressources (infections COVID-19, nombre de médecins, d'infirmières, de lits d'hôpital et dépenses de santé) aux résultats obtenus (décès liés à la COVID-19). Au début de la pandémie, l'efficacité des systèmes de santé était assez faible, en particulier dans les pays occidentaux (Italie, Belgique, Espagne, Royaume-Uni).
Au cours de la période intermédiaire et de la deuxième vague, ces pays ont pris des mesures plus adaptées pour rendre leur système de santé plus efficace. En revanche, les pays d'Europe de l'Est ont été durement touchés par l'inefficacité de leurs systèmes de santé (Bulgarie, Grèce, Hongrie, Roumanie).
De manière générale, nous savons également que le nombre d'infections à la COVID-19 et de décès était plus élevé lors de la deuxième vague, en partie en raison de la plus grande contagiosité du virus, mais aussi en raison de la levée ou du moins du relâchement des mesures de distanciation.
Trois catégories
Les résultats de l'Analyse d'Enveloppement des Données (DEA) ont permis de classer les pays européens en trois catégories d'efficacité : haute (score de 0,75 à 1), moyenne (0,50 à 0,75) et basse
( <
0,50)
. Seule la Norvège a obtenu une très haute efficacité (score = 1).
Le plus grand groupe de pays obtient un score d'efficacité élevé : l'Autriche, la Croatie, Chypre, la République tchèque, le Danemark, l'Estonie, la Finlande, l'Islande, l'Irlande, la Lettonie, le Luxembourg, Malte, le Portugal, la Slovaquie, la Slovénie et la Suisse. La Belgique fait partie des pays ayant un score d'efficacité moyenne, tout comme la Bulgarie, la France, l'Allemagne, la Grèce, la Hongrie, les Pays-Bas, la Pologne, l'Espagne, la Suède et le Royaume-Uni.
Seuls l'Italie et la Roumanie se trouvent dans la catégorie la plus basse ; ces pays ont démontré une vulnérabilité dans l'utilisation des ressources par rapport aux besoins lors de la première année de la pandémie.
Facteurs déterminants
Une analyse de régression Tobit met en évidence les facteurs ayant le plus d'influence sur l'efficacité dans les différentes phases. Au cours de la première phase de la pandémie, les comorbidités, l'âge et la densité de population ont été identifiés comme des facteurs importants. Pendant la période intermédiaire, l'accent a été mis principalement sur l'efficacité des mesures gouvernementales et des règles de distanciation. Lors de la deuxième vague, l'éducation et la densité de population ont été des facteurs déterminants.
Il est donc clair que ce ne sont pas seulement des facteurs liés à la santé qui déterminent l'efficacité du système de santé, mais aussi des facteurs économiques, sociaux et la vigilance gouvernementale.
Lupu, D., Tiganasu, R. COVID-19 and the efficiency of health systems in Europe. Health Econ Rev 12, 14 (2022). https://doi.org/10.1186/s13561-022-00358-y. PMID: 35150372; PMCID: PMC8841084.