Innovation Magazine #38 Janvier - Mars 2023

L'utilisation de drones dans le secteur médical

Michelle Cooreman

Tim Cleys

Mat Napo on Unsplash.com

L'utilisation de drones dans le secteur médical

Une solution pour le transport urgent de et vers l’hôpital

Michelle Cooreman
Journalist medische sector
Tim Cleys
Manager Healthcare Integration bij Helicus
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Dans l’attente du prochain train de mesures européen portant sur la réglementation des drones, la société Helicus prépare les hôpitaux, qui souhaitent collaborer avec elle, au transport par drone dans un futur proche, soit 2024 au plus tôt. Les premiers vols de démonstration transportant du tissu humain et des échantillons destinés à la recherche clinique entre hôpitaux ont mis en avant les opportunités offertes par ce type de transport. Il n’y a toutefois actuellement en Europe encore aucun hôpital qui recourt de façon opérationnelle au transport par drone.

« Au sein de l’Europe, nous ne sommes pas le seul acteur du marché à mettre en place des transports spécifiques entre hôpitaux. Mais nous sommes bien – jusqu’ici – le seul opérateur européen à disposer des autorisations pour effectuer des vols Beyond Visual Line Of Sight (le/la pilote n’a plus le drone dans son champ de vision) et des vols automatisés au-dessus de zones urbaines. C’est pourquoi les vols de démonstration ont pu être réalisés à Anvers », explique Tim Cleys, Manager Healthcare Integration chez Helicus.

Medische drone Helicus

Een medische drone vliegt van het ene ziekenhuis naar het andere | Foto Helicus

L’utilisation des drones va fortement se diversifier dans les années à venir. Mais la demande actuelle se concentre sur le transport entre hôpitaux, entre sites/campus ou au sein d’un réseau d’hôpitaux, qui s’effectue aujourd’hui en automobile. Le drone pourrait toutefois être beaucoup plus rapide pour les transports urgents.

Il peut s’agir du transport d’échantillons de sang, de médicaments, de baxters de chimiothérapie, de matériel stérile, de tissus humains pour des analyses pathologiques… dans le cas d’un laboratoire centralisé ou d’une pharmacie centralisée par exemple. La demande de transport ne fera encore qu’augmenter avec la plus grande efficacité de l’organisation au sein des réseaux.

Les appareils

Contrairement à d’autres sociétés qui souhaitent proposer des prestations similaires, Helicus ne développe pas ses propres drones, mais bien deux autres composants: un Command and Control Center (C2C) et un Drone Cargo Port (DCP).

«Le C2C est une plateforme logicielle pouvant commander une flotte de drones, c’est ce qu’on appelle un système de gestion de flotte. Un DCP est un appareil qui automatise toutes les manipulations avec un drone et avec le paquet suspendu sous un drone. Nous pénétrons le marché avec ces deux composants et nous collaborons avec plusieurs fournisseurs de drones.

Nos solutions sont "drone agnostiques" tant en ce qui concerne le hardware que le software, ce qui signifie qu’elles peuvent interagir avec différents types de drones. Nous sommes dès lors en mesure de proposer à nos utilisateurs finaux des solutions très flexibles en fonction du poids du paquet et de la distance à parcourir. »

Les drones utilisés pour ce type de transport sont relativement grands (1,5 à 3 mètres). Le type de drone varie selon les modalités de transport: distances plus courtes ou plus longues, long surplace, vol dans des conditions venteuses ou longues distances dans des conditions stables… Il existe des drones à batteries ou à hydrogène, ce qui détermine aussi les capacités ou les possibilités de chaque appareil.

Drone flying over mountains

Les lieux de décollage et d’atterrissage

Dans un monde idéal, chaque hôpital possède un DCP où un certain nombre de drones peuvent être stockés. À la manière d’une compagnie de taxis avec plusieurs stations. Et comme dans le cas d’une compagnie de taxis, vous appelez la centrale pour réserver une course

« L’hôpital réserve chez nous un vol de drone pour un transport déterminé. Nous organisons ce vol, nous demandons l’autorisation des autorités aéronautiques pour pouvoir l’effectuer et, après avoir reçu l’autorisation, le paquet est accroché sous le drone (automatiquement en tant que DCP ou manuellement) et nous pilotons le drone pour l’hôpital vers sa destination. »

Helicus est, dans ce cas en tant qu’opérateur certifié, responsable du vol, car ce sera pratiquement impossible pour les hôpitaux d’obtenir eux-mêmes les approbations et les autorisations nécessaires pour ces vols

Les applications

L’utilisation des drones va fortement se diversifier dans les années à venir. Mais la demande actuelle se concentre sur le transport entre hôpitaux, entre sites/campus ou au sein d’un réseau d’hôpitaux, qui s’effectue aujourd’hui en automobile. Le drone pourrait toutefois être beaucoup plus rapide pour les transports urgents.

Il peut s’agir du transport d’échantillons de sang, de médicaments, de baxters de chimiothérapie, de matériel stérile, de tissus humains pour des analyses pathologiques… dans le cas d’un laboratoire centralisé ou d’une pharmacie centralisée par exemple. La demande de transport ne fera encore qu’augmenter avec la plus grande efficacité de l’organisation au sein des réseaux.

« Dans un second temps, nous allons aussi nous tourner vers les fournisseurs des hôpitaux, comme la Croix-Rouge, les sociétés pharmaceutiques ou medtech qui doivent livrer des produits de toute urgence. Un drone peut par exemple être mis en service au départ d’un entrepôt central vers n’importe quel hôpital. On y travaille actuellement de façon très concrète.

À plus long terme, nous pensons aussi au transport d’organe, bien qu’il s’agisse d’une matière plus complexe, et au transport d’appareils DEA. De plus, des préparatifs sont en cours pour faire aussi du transport de personnes avec des drones, pour amener un médecin/infirmier sur le site d’un accident par exemple. »

La phase préparatoire

Dans l’attente des premiers vols véritablement opérationnels, Helicus se focalise sur la numérisation et l’intégration, avec tous les acteurs qui comptent dans ce type de transport par drone. Avant chaque vol, il faut avoir l’accord des autorités aéronautiques. Des protocoles de communication sont élaborés à cet effet. « L’objectif visé est d’obtenir cette autorisation en 1 à 2 minutes, nous en sommes actuellement encore à 7 minutes environ. »

L’entreprise travaille en outre à l’acceptation publique: une communication claire avec les parties impliquées, comme les communes et les villes, sur ce qui va se passer. Et comme les hôpitaux se situent souvent en ville ou en périphérie, il est difficile pour un vol de drone d’éviter les zones peuplées.

«Nous sommes le premier – et jusqu’ici aussi encore toujours le seul – opérateur européen qui dispose de l’autorisation d’effectuer des vols BVLO et des vols automatisés au-dessus d’une zone urbaine. Pour obtenir cette autorisation, nous avons dû prouver aux autorités aéronautiques à différents niveaux que notre système est résistant, sûr et fiable, et que nous connaissons les lois qui régissent ce transport. »

À quand dans la pratique ?

Une partie de la réglementation visant à autoriser l’utilisation de drones pour le transport médical manque encore. Il faut pour ce faire se tourner vers l’Europe, qui est responsable de la législation en matière de drone, que tous les États membres doivent observer. «Helicus est aujourd’hui coordinateur d’un projet européen, SAFIR-Med (www.safir-med.eu), le plus grand projet européen de démonstration et de développement de drones spécifiques pour le secteur de la santé.

Le but est, d’une part, de montrer de quelle manière l’intégration peut s’effectuer entre aéronefs avec équipage et sans équipage – ce qui est aujourd’hui strictement séparé, mais l’Europe veut travailler à un espace aérien intégré – et, d’autre part, nous faisons de la recherche et donnons un feedback à l’Europe pour la législation qui doit être publiée à la mi-janvier 2023.

Nous avons besoin de certaines parties de cette réglementation pour porter les démonstrations et les projets actuels à un niveau opérationnel. Dès que la législation sera publiée, tous les pays auront encore besoin de temps pour l’incorporer dans leur législation nationale. Nous pensons que la plupart des pays seront prêts fin 2023, début 2024. Nous pourrons alors commencer à mettre en place les premières lignes pilotes afin de passer d’ici 2025-2026 à des activités commerciales plus importantes», prévoit Tim Cleys.

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