C es dernières années, de nombreux hôpitaux ont entrepris un trajet d’accréditation en vue de l’obtention d’un label de qualité pour la sécurité des soins par un organisme extérieur. Les hôpitaux reçoivent le label pour un nombre d’années limité et décident s’ils veulent ou pas se faire (ré)accréditer. D’autres hôpitaux optent pour un modèle de qualité alternatif.

L’accréditation est un certificat de qualité basé sur la mesure de plusieurs items se rapportant à la qualité des soins. Et même si le label n’est pas une garantie de qualité, une étude danoise de 2016 notamment soutient l’hypothèse que l’accréditation des établissements hospitaliers conduit à de meilleurs soins aux patients[1]. L’obtention d’une accréditation n’est pas obligatoire. Mais elle permet de gagner des «points» qui ne comptent que dans une mesure limitée dans le financement des hôpitaux. Néanmoins, les autorités publiques ont clairement indiqué être convaincues des avantages de l’accréditation dans l’analyse, l’évaluation et l’amélioration systématiques de la qualité et de la sécurité des soins aux patients.

Contrairement à l’inspection par les autorités flamandes ou wallonnes, les hôpitaux décident eux-mêmes s’ils veulent se faire accréditer. En Flandre, pour les hôpitaux généraux on collabore principalement avec deux organisations, la Joint Commission International (JCI) et le Nederlands Instituut voor Accreditatie in de zorg (NIAZ, désormais Qualicor). Dans la partie francophone du pays, 17 hôpitaux ont un label de Accreditation Canada International (ACI); d’autres établissements hospitaliers francophones ont opté pour le trajet avec la Haute Autorité de Santé (HAS) (France). Un quatrième acteur, Euromedi, suit actuellement le processus d’accréditation chez ISQua. Car, pour pouvoir proposer un cycle d’accréditation, l’organisation et son manuel doivent être à leur tour accrédités au niveau international.

L’International Society for Quality in Health Care (ISQua) est une organisation internationale de professionnels hospitaliers qui promeut l’amélioration de la qualité dans les soins de santé[2]. Son site web https://isqua.org indique qu’elle œuvre depuis plus de 30 ans à la qualité et la sécurité des soins de santé dans le monde entier via l’éducation, le partage des connaissances, les évaluations externes, le soutien des systèmes de soins et le réseautage. Son réseau s’étend sur 70 pays et 6 continents.

FlaQuM: une approche durable

Lors d’un trajet d’accréditation toutes les procédures et pratiques sont évaluées en profondeur et, pour un certain nombre d’aspects, cela a permis d’ouvrir les yeux. Mais «après avoir suivi une ou deux fois un trajet d’accréditation, sa durabilité et, surtout, sa pertinence deviennent moins grandes. Et pas mal d’hôpitaux se trouvent dans cette phase aujourd’hui. C’est de là qu’est né le Flanders Quality Model (FlaQuM), à l’initiative de la KU Leuven. La question était: pouvons-nous maintenant établir une accréditation où, en première instance, nous tenons compte des différents aspects et contextes flamands – la JCI est américaine et n’a pas toujours le même contexte – et pouvons-nous aussi y donner une suite plus durable», explique Svin Deneckere, directeur du VIKZ (Vlaams Instituut voor Kwaliteit in de Zorg).

« Plus durable dans le sens que le risque que la pertinence de l’accréditation puisse diminuer avec le temps est évité. C’est pourquoi FlaQuM part d’une autoévaluation, de vos résultats, de vos processus, et sur base de cette autoévaluation vous essayez d’améliorer des aspects spécifiques. Si vous faites cela, vous pouvez participer à une trajectoire de croissance. Le but n’est pas de toujours vérifier la même base, mais d’améliorer en continu et c’est plus durable. » Une vingtaine d’hôpitaux sont actuellement dans un trajet FlaQuM. Récemment, le modèle FlaQuM, qui se compose de trois piliers (Penser-Agir-Apprendre), a obtenu une reconnaissance et une validation internationales par ISQuaEEA (une association créée par ISQua en 2018 dans le but d’effectuer les évaluations externes) avec la note maximale de 97%.

FlaQuM-Quickscan est un outil d’évaluation de l’expérience des patients, des proches et des collaborateurs avec l’institution de soins, qui mesure à la fois le degré de préoccupation envers les patients et leurs proches et aussi envers les collaborateurs. Outre ces scores d’expérience, on mesure également des indicateurs objectifs, comme la mortalité, la réadmission, la durée du séjour, les escarres et les infections nosocomiales.

D’autres modèles de qualité

D’autres hôpitaux choisissent de démarrer leur propre trajet d’accréditation, au départ de défis spécifiques, comme l’UZ Gent et les Cliniques universitaires Saint-Luc (voir article en p. 18-21). L’AZ Delta (Roulers) a aussi conçu son propre modèle de qualité (voir article L'expérience de l'AZ Delta : Delta Q).

[1] Bogh SB, Falstie-Jensen AM, Hollnagel E, Holst R, Braithwaite J, Johnsen SP. Improvement in quality of hospital care during accreditation: A nationwide stepped-wedge study. Int J Qual Health Care. 2016 Dec 1;28(6):715-720. doi: 10.1093/intqhc/mzw099. PMID: 27578631.

[2] http://isqua.org/docs/accreditation/cf-001-iap-application-form.docx

http://www.jointcommissioninternational.org
http://www.qualicor.eu
http://www.accreditation.ca
http://www.has-sante.fr
https://flaqum.org
http://www.euromediinternational.com